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Qu’est-ce que le TKP(ML) ?

1.Qu’est-ce que le TKP(ML) ? 2.Quelle analyse le TKP(ML) a-t-il de la situation mondiale et de la situation en Turquie ? 3.Qui est Mustafa Suphi ? 4.Qui est Ibrahim Kaypakkaya ? 5.Quel est le parcours idéologique du TKP(ML) ? Pourquoi existe-t-il un TKP(ML) et un TKP/ML ? 6.Qu’est-ce que TIKKO ? 7.Qu’est-ce que le TMLGB ? 8.Quelle est l’activité actuelle du TKP(ML)/TIKKO et du TMLGB ? 9.Quels sont les organes de presse du TKP(ML) ? 10.Quelle est l’analyse du TKP(ML) quant à la question kurde ? 11.Que pense le TKP(ML) du kémalisme et de Mustafa Kémal ? 12.Quel est le concept de guerre populaire du TKP(ML) ? 13.Quelle est la formation des cadres du TKP(ML) ? 14.Quel est le rapport du TKP(ML) avec le mouvement communiste dans le monde ? 15.Qui est Barbara Kistler ?

1.Qu’est-ce que le TKP(ML) ?

" Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire. Sans un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires contre l’impérialisme et ses valets " (Mao-Tsé-Toung).

Le TKP(ML) [Türkiye Komünist Partisi (Marksist-Leninist)] est le Parti Communiste de Turquie (Marxiste-Léniniste). Il a été fondé en 1972 par Ibrahim Kaypakkaya, qui succombera le 18 Mai 1973 à plus de 60 jours de torture.

Le TKP(ML) est une organisation dont l’objectif est l’instauration d’une société sans classes ni Etat, c’est-à-dire qu’elle est marxiste, qu’elle suit les principes développés par KARL MARX et FRIEDRICH ENGELS. Le TKP(ML) se rattache à la tradition marxiste-léniniste, c’est-à-dire aux développements théoriques et pratiques du marxisme tels qu’ils ont été formulé et résumé par LENINE et STALINE. Le TKP(ML) est une organisation maoïste, car elle reconnaît le maoïsme comme une troisième étape de développement du marxisme (le léninisme étant la deuxième).

Pourquoi " TKP(ML) " ? Il y a une raison toute simple, historique. Après la révolution russe Lénine a organisé la formation d’une Internationale Communiste (le KOMINTERN), et dans chaque pays se sont formés des partis communistes (de tel ou tel pays). Après la mort de Staline l’URSS s’est vu dominée par une nouvelle bourgeoisie, et beaucoup de partis communistes dans le monde sont devenus officiellement réformistes et ont révisé le marxisme-léninisme.

Le Parti Communiste Chinois a mené une grande lutte idéologique contre ce révisionnisme, et ceux/celles qui en acceptaient la critique dans le monde entier ont quitté les P.C. inféodés à l’URSS pour former des P.C. marxiste-léniniste. Le TKP(ML) se rattache par son nom à cette tradition formée avec la critique maoïste des partis communistes révisionnistes et de l’U.R.S.S.

2.Quelle analyse le TKP(ML) a-t-il de la situation mondiale et de la situation en Turquie ?

" Lutte de classes - certaines classes sont victorieuses, d’autres sont éliminées. Cela, c’est l’histoire des civilisations depuis des millénaires. Interpréter l’histoire d’après ce point de vue, c’est ce qui s’appelle matérialisme historique ; se placer à l’opposé de ce point de vue, c’est de l’idéalisme historique " (Mao-Tsé-Toung).

Le TKP(ML) ne s’est jamais fait d’illusions sur les pays de l’Est et l’U.R.S.S., qui sont considérés depuis les années 50 comme des dictatures bourgeoises. L’Union Soviétique était un pays social-impérialiste : social en parole, impérialiste dans les faits.

Le TKP(ML) lutte pour abolir l’exploitation et l’oppression en Turquie. Cela signifie chasser l’impérialisme de ce pays et liquider les restes de féodalité existant. Et cela signifie mener une guerre populaire, où les campagnes encerclent les villes, pour prendre le pouvoir et détruire l’Etat fasciste turc.

La guerre populaire est organisée par TIKKO, l’armée ouvrière et paysanne de libération de la Turquie. Selon les principes développés par Mao, c’est le TKP(ML) qui dirige l’armée.

Pour le TKP(ML) la soi-disante harmonie dominante dans le monde est fictive, et la lutte contre l’impérialisme américain, l’exploitation capitaliste et les restes du féodalisme continue. Le TKP(ML) salue et soutient la guerre populaire menée par le Parti Communiste du Pérou.

3.Qui est Mustafa Suphi ?

Né en 1883 à Giresun, il fit ses études à la faculté de sciences sociales de Paris. Il fut très influencé par la révolution russe de 1905 et commença à mener des actions politiques, ce qui ne fut pas apprécié des Sultans qui l’incarcérèrent dans le château de Sinap en 1913. Il s’évadera en 1914 et, après s’être lié aux Bolchéviks en 1915, entama une politique d’agitation au sein des ouvriers et paysans turcs de Russie. En 1918 il s’installera à Moscou et organise la parution du premier journal communiste de langue turque, " Yeni Dunya " (Le nouveau monde). Ce journal informera de la Révolution d’Octobre et servira à la création d’une nouvelle organisation. Cette dernière sera fondée le 25/07/1918 à la suite d’une conférence des socialistes de gauche turcs et prendra le nom d’organisation communiste de Turquie. Mustafa Suphi en est à la tête, et participe en tant que délégué à la réunion internationale des révolutionnaires à Pétrograd en décembre 1918.

Le 22 septembre 1919 est fondé sous la direction de Sefik Hüsnü le Parti des ouvriers et des paysans de Turquie ; le 14/07/1919 est fondé à Ankara le Parti Communiste populaire de Turquie sous la direction de Serif Manataf. Le TKP, Parti Communiste de Turquie, est fondé à partir de ces trois groupes (l’organisation communiste de Turquie, le Parti des ouvriers et paysans de Turquie, et le Parti Communiste populaire de Turquie) dans un congrès qui se tient le 10 septembre 1920. Le responsable en est Mustafa Suphi.

A sa fondation l’objectif du TKP est de libérer le pays de l’impérialisme. Il organisera son armée avec les prisonniers de guerre de Russie, d’autres personnes originaires de Turquie et l’appellera " le bataillon international des volontaires de l’Est ", où des Roumains et des Bulgares luttent également. Partant de Bakou en Azerbaïdjan ils seront arrêtés par les partisans du Dachnak (de cette tendance socialiste-révolutionnaire si décriée par Lénine) en Arménie. Mustafa Suphi et 14 membres du Comité Central et du parti décident alors de traverser Kars, où les Kémalistes affirment entendre les laisser passer. Mais le 28 janvier 1921 alors qu’ils tentent d’aller de Kars à Trabzon en bateau les gendarmes et la police les arrêtent et les font monter sur un petit bateau. Celui-ci est percuté et les camarades, dont Mustafa Suphi, meurent noyés.

4.Qui est Ibrahim Kaypakkaya ?

Le camarade Ibrahim Kaypakkaya est né en 1949 dans le village de Karakaya, rattaché à la sous-préfecture d’Alaca, elle-même dépendante de la préfecture de Corum (au nord d’Ankara). Issu d’une famille paysanne, il va à l’école primaire puis à l’école élémentaire d’enseignant de Hasanoglu en 1960. Il fera là-bas connaissance avec les idées révolutionnaires et progressistes. Grâce à sa soif d’apprentissage et à son énergie il devient l’un des meilleurs élèves de son école et réussit avec succès l’entrée à l’IUFM de Capa et l’université de physique d’Istanbul en 1965.

A cette époque les idées révolutionnaires se répandaient chez les masses, en particulier dans le jeunesse. Ibrahim Kaypakkaya faisait partie de ces personnes actives, et dès son entrée à l’école il devient membre de la FKF, la fédération des clubs d’idées. La FKF a en effet adopté les principes du socialisme, et mène des activités antifascistes et anti-impérialistes. En 1967 il ouvrira un bureau de la FKF à l’IUFM de Capa. Tout en menant une lutte révolutionnaire il mènera une autre, celle contre les dirigeants révisionnistes des organisations. Il s’éloigne peu à peu de l’école, et en 1969/70 ne mène pas la lutte que chez les étudiants, mais également chez les ouvriers et les paysans, faisant connaître le marxisme-léninisme partout où il y a grèves, occupations des terres par les paysans.

Ibrahim Kaypakkaya, tirant par la suite les leçons de la grande grève du 15/16 juin 1970, devient actif dans la revue du TIIKP (parti révolutionnaire ouvrier et paysan de Turquie). Il s’aperçoit que la direction est un obstacle à la lutte révolutionnaire des masses et critique alors le réformisme droitier. En 1972 il dénonce le révisionnisme du TIIKP et assume avec ses camarades la formation d’un parti. Suite à l’importante activité en ce sens il forme le Comité de coordination du TKP(ML) en avril 1972, qui aboutira par la suite à la formation du parti. Ibrahim Kaypakkaya a ici joué un rôle historique, en reprenant l’héritage révolutionnaire du TKP et en assumant le marxisme-léninisme, pour ainsi contrer le révisionnisme et former l’unique organisation capable d’aboutir à la libération du prolétariat et de la paysannerie. Le MIT (les services secrets turcs) a tout de suite considéré le TKP(ML) comme l’organisation possédant la théorie et la pratique les plus dangereuses pour l’ordre dominant.

Alors qu’ils menaient des actions dans la région de Dersim, Ibrahim Kaypakkaya et ses camarades furent traqués et obligés de se retrancher dans une baraque abandonnée pendant quelques jours. Suite à une dénonciation ils furent attaqués par les gendarmes le 24 janvier 1973. Le compagnon d’armes d’Ibrahim Kaypakkaya, Ali Haydar Yildiz, fut tué ; lui aussi fut grièvement blessé et laissé pour mort par les gendarmes qui poursuivaient d’autres camarades. Ibrahim Kaypakkaya arriva à s’enfuir, se réfugia 5 jours et 5 nuits dans une grotte ; la faim et le froid le poussèrent à demander de l’aide à des villageois le 29 janvier, mais l’un d’entre eux le dénonça. Il fut arrêté et amené au commissariat de Tunceli-Elazig, puis dans le centre de tortures de Diyarbakir. On lui coupa une partie de ses membres gelés par le froid, et il résista pendant trois mois et demi aux tortures infligées sans rien révéler des structures du TKP(ML), selon le principe " on donne sa vie mais pas ses secrets ". Dans la nuit du 17 au 18 mai 1973 il fut assassiné.

5.Quel est le parcours idéologique du TKP(ML) ?

Pourquoi existe-t-il un TKP(ML) et un TKP/ML ?

Dans les années 60 fut fondé en Turquie la " FKF ", la fédération des Clubs d’Idées, rassemblant plusieurs tendances révolutionnaires. Ibrahim Kaypakkaya a été à l’initiative de la formation de sections du FKF, et ses analyses le conduisent à rompre au niveau de l’organisation pour former le TKP-ML et TIKKO. Le TKP-ML/TIKKO est malheureusement très vite victime de la répression, Ibrahim Kaypakkaya se faisant capturer et torturer plus de 60 jours (il ne révélera rien des structures du TKP-ML). Fut alors formé en 1974 un "comité de coordination des activités régionales" afin de coordonner les différents groupes existant encore après la destruction du "centre" du TKP-ML.

C’est également un temps de clarification idéologique, notamment contre les déviations sectaires : au niveau international c’est en effet, après la mort de Mao Zedong, l’agression du Parti du Travail d’Albanie contre les principes développés par Mao.

Le TKP-ML se reforme très vite et développe la guerre populaire avec TIKKO. En 1987 un groupe sort du TKP-ML en raison de la ligne opportuniste du comité central du parti, et forme le TKP-ML/TIKKO DABK (comité pour l’Anatolie orientale), tandis que coexiste à côté le TKP-ML menant une conférence critiquant le comité central, ouvrant ainsi la voie de la réunification qui a lieu en 1992.

Mais en 1994 un grave problème de démocratie interne conduit à la rupture entre un parti divisé en deux fractions, qui forment alors le TKP(ML)-TIKKO et le TKP/ML-TIKKO. S’il n’y a pas de différences idéologiques, la vie à l’intérieur du parti est conçue très différemment. Les militants du TKP(ML) reproche le fait que de très graves " erreurs " de hauts responsables aient été caché et qu’ainsi une atteinte majeure au marxisme-léninisme ait été faite.

[A la fin 1999, le TKP(ML) a officiellement changé de position par rapport au TKP-ML. Si au début la critique faite se définissait comme "déviation mafieuse" puis comme "déviation pragmatiste-machiavéliste", désormais le comité central du TKP(ML) a appelé à l’union des deux partis et demande aux militants de considérer le TKP-ML comme révolutionnaire, marxiste-léniniste. Cette position est pour nous - Front Social - révisionniste ; elle s’accompagne d’une remise en cause de l’action du quatrième secrétaire général du TKP(ML), Cüneyt Kahraman, désormais qualifiée de "gauchiste" par la direction du TKP(ML).]

6.Qu’est-ce que TIKKO ?

TIKKO (Türkiye Isçi Köylü Kurtulus Ordusu) est l’armée ouvrière et paysanne de libération de la Turquie. Cette armée a été formé en même temps que le TKP(ML), soit le 27 avril 1972. TIKKO est la branche armée du TKP(ML), a pour but de mener la guerre populaire en créant et en s’appuyant sur des bases rouges, c’est-à-dire les zones libérées. TIKKO suit ainsi les principes développés par Mao-Tsé-Toung.

7.Qu’est-ce que le TMLGB ?

Le TMLGB (Türkiye Marksist-Leninist Gençlik Birligi) est l’Union de la Jeunesse Marxiste-Léniniste de Turquie. Crée en même temps que le parti, et renforcé en 1990 par Ismail Oral, le TMLGB mène des actions de propagande (bombages, affichages...) en tant que mouvement de la jeunesse.

8.Quelle est l’activité actuelle du TKP(ML)/TIKKO et du TMLGB ?

A ses débuts TIKKO n’était actif que dans la région de Dersim, région choisie par Ibrahim Kaypakkaya. Après le lancement du slogan " Un Dersim ne suffit pas, nous devons en créer 1000 ! " par Baba Erdogan, TIKKO se dirigea sur plusieurs autres régions et est divisée en 4 unités principales. L’une est dans le Dersim, la seconde dans la région de la mer noire, la troisième dans la région allant de Bingöl à Diyarbakir en passant par Elazig-Palu et atteignant parfois Mardin, et enfin la quatrième dans l’Anatolie occidentale et les grandes métropoles que sont Istanbul, Ankara et Izmir.

Nombre d’actions sont effectuées en défense de la presse et des droits de l’homme, de nombreuses associations ayant un poids fort dans les manifestations. Le TKP(ML) construit et développe la guerre populaire pour l’organisation de la révolution populaire démocratique.

9.Quels sont les organes de presse du TKP(ML) ?

Il existe un organe illégal : I.K.K. (Isçi Köylü Kurtulusu, libération ouvrière et paysanne), qui est l’organe central mensuel rédigé par le Comité Central et ne parvient qu’aux membres du parti. Il traite de l’actualité dans le pays, de la ligne à suivre et développer ainsi que des derniers combats. Un organe spécifique existe pour les cadres, le " Komünist ". Des parutions légales existent, comme le journal " Partizan Sesi " (Voie Partisane) qui est devenu " Halkin Gunlugu " (Le quotidien du peuple), et qui traite tous les quinze jours de l’actualité révolutionnaire ; " Partizan Gençlik " (Jeunesse Partisane) est une revue mensuelle pour la jeunesse, " Öncü Partizan " (avant-garde partisane) est un organe théorique mensuel.

De nombreux journaux sont interdits, leurs bureaux fermés (cela a été le cas pour " Halkin Demokrasi ", démocratie populaire, et " Partizan Sesi " dont nous avons parlé).

10.Quelle est l’analyse du TKP(ML) quant à la question kurde ?

Le fondateur du TKP(ML), Ibrahim Kaypakkaya, a beaucoup travaillé cette question. Comme il l’affirme, " la politique raciale en Turquie est une politique des classes dominantes locales, la politique de la partie la plus réactionnaire de la bourgeoisie et du féodalisme ; elle a un caractère féodal et féodal-bourgeois ". La politique raciste en Turquie profite aux classes de la grande-bourgeoisie turque (avec un caractère compradore) et les grands propriétaires terriens. L’impérialisme US profite également de cette situation et accentue le racisme. La bourgeoisie moyenne nationale participe également à cette politique, même si de manière plus discrète. Pour Ibrahim Kaypakkaya donc " le mouvement national kurde est à considérer comme mouvement d’une nation opprimée contre les classes dominantes d’une nation dominante. Elle est pour cela progressiste et a un contenu démocratique. Nous soutenons de manière décidée et sans conditions ce contenu démocratique ".

Il ne s’agit pas seulement de lutter contre les injustices commises à la nation kurde, mais également de combattre la bourgeoisie et les propriétaires terriens de la nation opprimée, sans quoi la paysannerie, les ouvriers, les travailleurs seraient divisés. L’unité des dominés est primordial ; cela signifie pour les ouvriers et paysans de Turquie repousser les influences nationalistes panturques et soutenir le droit à l’autodétermination du peuple kurde.

11.Que pense le TKP(ML) du kémalisme et de Mustafa Kemal ?

Pour le TKP(ML), suivant les analyses d’Ibrahim Kaypakkaya, qui ont marqué une rupture nette avec les tendances petites-bourgeoises, le kémalisme correspond au fascisme. Le kémalisme est une révolution des classes dominantes de la bourgeoisie commerçante turque, des grands propriétaires terriens, des usuriers et de la très petite bourgeoisie industrielle. C’est-à-dire que la ligne de cette révolution est donnée par la grande-bourgeoisie compradore et les grands propriétaires terriens ; la bourgeoisie moyenne nationale n’a pas été à l’avant-garde du kémalisme. Alors que le kémalisme prétendait d’un côté refuser l’influence de l’impérialisme, de l’autre main il discutait en sous-main pour une collaboration active.

Le kémalisme correspond à une initiative des dominants, et est en fait dirigé contre les paysans et les travailleurs, parce que bloquant une révolution agraire. Le kémalisme n’a fait " que " transformer la Turquie d’un pays colonisé, semi-colonisé et semi-féodal en pays semi-colonisé et semi-féodal.

A la place de la vieille bourgeoisie compradore qui appartenait aux minorités nationales, et à la place de la vieille haute bureaucratie, le kémalisme a amené au pouvoir une nouvelle bourgeoisie turque, venant de la bourgeoisie moyenne nationale collaborant avec l’impérialisme. La république bourgeoise remplace la monarchie, et n’est démocratique qu’en apparence, de fait il s’agit d’une dictature militaire de type fasciste.

12.Quel est le concept de guerre populaire du TKP(ML) ?

C’est Ibrahim Kaypakkaya qui a étudié et repris, en les adaptant à la situation de la Turquie, les 5 points nécessaires à la Guerre Populaire tels que Mao-Tsé-Toung les a défini.

Tout d’abord une base populaire sûre. Pour lui cette base est plus ou moins forte selon les régions, ceci étant dû aux différences de développement de l’économie et des déséquilibres régionaux en ce domaine. Il existe cependant selon lui dans chaque région une base populaire capable d’aider et de développer le mouvement révolutionnaire.

Un parti fort et organisé est également nécessaire, ainsi qu’une armée rouge forte. Selon lui, si ce n’est pas encore le cas au moment où il commence la lutte armée, cette dernière (et elle seule) permettra d’y arriver, car elle permet la création et le renforcement de zones rouges. Sans lutte armée pas de parti ni d’armée rouge forte.

Y a-t-il des zones propices à la guerre ? Selon lui cela est de moindre importance, le pays ayant de multiples zones de cette sorte.

Y a-t-il des moyens suffisants pour vivre ? Pour cela il faut s’implanter dans des régions non dépendantes de l’extérieur, c’est-à-dire des régions ayant leur propre ressources alimentaires. Les régions ne peuvent être confondues avec les villes car celles-ci sont fournies par les campagnes et ne pourront plus être ravitaillées en cas de siège ou d’embargo. Les villes doivent être encerclées par les campagnes.

Pour Kaypakkaya toutes les conditions sont remplies à part l’existence d’un parti fort et d’une armée forte ; ces conditions sont subjectives et il s’agit de porter ces efforts là-dessus. Le parti et l’armée se développent dans la lutte armée, les zones libérées sont conquises un peu partout dans le pays et le front populaire révolutionnaire basée sur l’union du prolétariat et de la paysannerie pourra passer à l’assaut final.

13.Quelle est la formation des cadres du TKP(ML) ?

Les cadres et combattants du TKP(ML) et de TIKKO sont formés chaque année dans des bases spéciales en Turquie et au Moyen-Orient. Il s’agit de bases où les cadres et les combattants reçoivent une formation politique et une connaissance approfondie du Marxisme-Léninisme-Maoïsme. Parallèlement à ces études le maniement des armes et les différentes stratégies à employer sont portés à connaissance.

Dans les villes s’organisent des cellules combattantes de 4-5 personnes, dont l’apprentissage porte sur la stratégie et la guerre dans les métropoles.

14.Quel rapport le TKP(ML) a-t-il avec le mouvement communiste dans le monde ?

Le TKP(ML) fait partie des signataires de la déclaration du Mouvement Révolutionnaire International (RIM), qui a été fondé en 1984 sur les principes du Marxisme-Léninisme-Maoïsme et qui regroupait alors une vingtaine de mouvements et partis. Le TKP(ML) a été l’un des premiers à rentrer dans RIM. Des relations existent avec 123 autres mouvements dans le monde, particulièrement le Parti Communiste du Pérou, le Parti Communiste d’Inde (Guerre Populaire), le Parti Communiste du Népal (maoïste), le Parti Communiste des Philippines.

15. Qui est Barbara Kistler ?

Barbara Kistler est une militante révolutionnaire de Suisse qui est morte en combattant dans les rangs de TIKKO. Elle est tombée en janvier 1993 à l’âge de 37 ans dans les environs de Tunceli ; son groupe, composé de 50 révolutionnaires, a été attaqué par l’armée, vraisemblablement dans le cadre d’une offensive dirigée contre le PKK (Parti du Travail du Kurdistan).

Barbara Kistler est née le 21 Octobre 1955 à Zurich, en Suisse. Elle fréquente à 15 ans un centre de jeunesse autonome qui sera fermé par la police peu de temps après. Elle se politise peu à peu et devient révolutionnaire. Elle soutient les prisonniers politiques des groupes armés d’Europe de l’Ouest, leur rendant visite en prison pendant des années, tout en étant active dans les mouvements d’occupation de logements et de luttes sociales (en 1980 a lieu à Zurich une grande émeute de la jeunesse et une vague d’occupation sauvage de maisons). Elle est une des membres fondatrices du Secours Rouge, participe à la refondation du comité contre l’isolement carcéral (KGI) et initie la publication de la revue " Subversion ".

En 1991 elle rejoint le TKP-ML. Elle est arrêtée la même année dans un appartement conspiratif ; Hatice Dilek et Ismail Oral (celui qui avait renforcé le TMLGB), qui venaient de quitter l’appartement, ont été abattu alors que non armés. Barbara Kistler est torturée deux semaines à la prison de Gayretepe, puis est placée dans la prison de Bayrampasa, où elle participe au collectif des prisonniers. Elle est libérée en novembre de la même année. En 1991, Barbara " Kincm " Kistler meurt de ses blessures et de froid. Avec elles meurent également Ali Ekber, Ali Demirdag, Zeki Peker, Erkan Fener, Batasul et Aleksan Yasin. Tombés ensemble pour la révolution internationale. Barbara Kistler a été nommé à titre honorifique et posthume membre d’honneur du Comité Central du TKP(ML).

Annexe

Comme nos lecteurs et lectrices l’auront compris, Ibrahim Kaypakkaya a joué un rôle fondamental dans la construction du TKP-ML. Non seulement au niveau pratique, mais également au niveau théorique. Nous publions ainsi ici des extraits de :

+ la critique du TIIKP

La ligne révolutionnaire délimite ce qui est révolutionnaire de ce qui ne l’est pas. Dans ce texte Ibrahim Kaypakkaya analyse les thèses des partisans du TIIKP (parti ouvrier-paysan révolutionnaire) et leur oppose la formation d’un TKP-ML. Le texte initial est composé de deux parties, une sur le nom du parti, qui est prétexte à l’analyse politique, et une partie formant une critique en règle de l’analyse économique du TIIKP. Nous publions ici la partie directement " politique ".

+ la question nationale en Turquie

Elle joue un grand rôle dans ce pays où le peuple et la nation kurdes sont confrontés à un régime les opprimant. C’est le mérite d’Ibrahim Kaypakkaya d’avoir justement analysé la différence entre " peuple " et " nation ", comme le démontre l’article tiré de ce texte fondamental que nous traduirons bientôt dans son intégralité.

+ A propos du kémalisme

L’analyse du kémalisme oppose le TKP(ML) aux tendances bourgeoises et petites-bourgeoises se revendiquant du socialisme, mais incapables de voir que le kémalisme revient au fascisme. Ici nous ne publions qu’un court article (la publication intégrale sera faite à part) permettant au lecteur de comprendre l’idéologie du TKP(ML).

Critique du TIIKP

Le grand maître et guide du prolétariat, Marx, a affirmé que " chaque pas en avant du mouvement réel est plus important qu’une dizaine de programmes ".

Ces termes caractérisent une loi fondamentale qui ne perd ni de sa valeur de sa validité. Cela doit être notre objectif principal que de faire avancer le mouvement réel, d’en arriver à une véritable avancée. D’un autre côté nous ne devons pas oublier qu’un nouveau programme a une grande importance.

" En général ce n’est pas tant le programme officiel d’un parti qui compte mais ce qu’il fait. Mais un nouveau programme est toujours un drapeau planté ouvertement, et le monde extérieur juge alors le parti ".

Désormais nous plantons publiquement un drapeau. Puisque ce drapeau doit être le drapeau du prolétariat, nous devons laver et enlever les tâches salissant son rouge avec un entrain sérieux et motivé.

C’est dans ce but que nous avons critiqué le projet de programme.

1ère partie

Comment doit s’intituler le nom de notre parti, afin d’être scientifiquement juste et de contribuer à élever le niveau de conscience politique du prolétariat ?

Lénine a posé ces questions en 1917 et répondu de la manière suivante :

" Comme Marx et Engels l’on fait, nous devons nous donner le nom de ‘Parti Communiste’. Nous devons affirmer dès le départ que nous sommes marxistes ; comme fondement nous devons prendre le Manifeste Communiste ".

Nous devons répondre à cette question de la manière suivante : comme Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao-Tsé-Toung l’ont fait, nous devons nous donner le nom de ‘Parti Communiste’. Nous devons sans hésitation faire nôtre l’adjectif " communiste ". Mais cela ne suffit pas. Tout d’abord parce qu’il existe dans notre pays un club bourgeois révisionniste qui revendique pour lui ce terme plein de renommée. Et nous devons nous distancier de manière décidée de ce club. Deuxièmement, la plupart des partis qui portent le nom de " communiste " sont aujourd’hui tombés dans le marais du révisionnisme. Ce ne sont pas des partis du prolétariat mais des partis de la bourgeoisie. Ce ne sont pas des instruments de la révolution mais de la contre-révolution. En Union Soviétique et dans les pays de l’Est européen ces partis ne sont pas l’instrument de la dictature du prolétariat sur la bourgeoisie et des réactionnaires, mais l’instrument de la dictature de la bourgeoisie sur les ouvriers et le reste du peuple travailleur.

Nous devons nous distancier de manière décidée d’eux et ajouter le concept de " marxiste-léniniste " au mot " communiste ".

Occupons-nous d’abord de l’autre nom :

pourquoi est-ce que la désignation de " parti ouvrier-paysan révolutionnaire " est fausse ?

Parce qu’elle ne montre pas clairement notre véritable caractère, notre but final. Nous sommes un mouvement de la classe ouvrière, son avant-garde. Nous ne sommes en aucun cas un mouvement paysan. Les conditions concrètes de notre pays aujourd’hui nous posent des tâches par rapport à la paysannerie, mais elles sont passagères ; c’est une avancée passagère, qui nous rapproche de notre tâche véritable.

La paysannerie en tant que masse, en tant que tout, repose sur le terrain de " la production de biens et la propriété privée ". Et elle est pour la sauvegarde des fondements de la société capitaliste. La paysannerie est une classe qui se dissout avec l’industrie moderne et va vers sa disparition.

Le prolétariat au contraire a rompu toutes ses liaisons avec la propriété. C’est un produit particulier et originel de l’industrie moderne. Il se développe et se renforce ensemble avec le développement et le renforcement de l’industrie moderne. Il ne représente pas le passé, mais le futur. Il ne représente pas ce qui tend à disparaître, mais ce qui grandit, ce qui se développe. Il ne veut pas conserver la propriété privée, mais l’abolir de manière décidée. La classe ouvrière a à partir de ces propriétés le rôle historique de libérer toutes les parties travailleuses de la société, l’ensemble de l’humanité qui souffre de ce système.

Et nous sommes l’avant-garde de cette classe, et à partir de ce fondement il est scientifiquement faux de placer devant le nom de notre parti la définition de " paysan ". L’existence de l’un rend l’autre impossible.

Il y a eu des partis qui se sont donnés le nom de " parti paysan ". Mais il s’agissait de partis généraux, qui voulaient élargir la démocratie bourgeoisie jusqu’à ses frontières maximales. Il ne s’agissait pas de partis qui désiraient le socialisme et le communisme, c’est-à-dire [donc] qu’il s’agissait de démocrates petits-bourgeois.

Dans les situations où les conditions le rendent nécessaire, les partis du prolétariat veulent également élargir la démocratie bourgeoise jusqu’à ses frontières maximales, et mènent pour cela une lutte active et décidée, mais ils ne font cela que pour former les conditions prérequises pour le passage à la démocratie prolétarienne (c’est-à-dire la dictature du prolétariat). Non pas pour s’arrêter là et s’en contenter.

Bon. Que montre la lutte des paysans pauvres et moyens ensemble avec le prolétariat pour la dictature du prolétariat ? Qu’il n’y a pas de différences entre eux et le prolétariat ? Cela ne montre que le fait que la libération totale de ces classes de la paysannerie est impossible tant que les fondements du capitalisme ne sont pas détruits ; que leur libération complète est liée à la libération du prolétariat ; et de l’autre côté que celle-ci ne sortira pas de la démocratie bourgeoise sans que le prolétariat n’ait en son sein le rôle incontestable de guide.

Aujourd’hui on n’élargira même pas, avec les conditions dans notre pays, la démocratie bourgeoise jusqu’à ses frontières maximales sans la direction du prolétariat, sans même parler du passage à la démocratie prolétarienne.

Il ne reste plus qu’à dire que le concept de " paysans " comprend en son sein non seulement les paysans pauvres et les paysans moyens pauvres, mais aussi les paysans moyens et même les paysans riches.

La définition de " parti ouvrier et paysan " ne sert en pratique qu’à effacer les différences immenses entre démocratie bourgeoise et démocratie prolétarienne, et donc de brouiller la conscience de classe du prolétariat.

Bon. Devrions-nous après imiter les noms que le " TSEKP " [parti socialiste turc des travailleurs et des paysans, fondé en 1946, interdit après 6 mois] ou le " TICSP " [parti socialiste turc des ouvriers et paysans, fondé en 1946 et interdit après 6 mois lui aussi] se sont donnés avec le souci de la légalité ?

En aucun cas ! Tout d’abord notre parti n’est pas un parti " légal " ; il doit être un parti fondé et existant malgré les lois. Deuxièmement une telle définition est de plus fausse, même si elle est choisie avec le souci de la légalité.

Est-il juste que notre désignation, " TIIKP ", facilite notre travail et particulièrement notre rapprochement avec la paysannerie et la liaison avec elle ? Il peut être question d’un tel accroissement de facilité de manière passagère avec les paysans, avec ceux qui sont sous l’influence des préjugés réactionnaires par le féodalisme et la bourgeoisie. Mais même cela peut se faire au coût d’un éloignement et d’un départ des ouvriers et des paysans pauvres progressistes. Parce que les travailleurs, les paysans et mêmes les intellectuels progressistes se sentent de fait en confiance avec un mouvement qui se définit sans peur comme " communiste " et qui porte ce nom vraiment à juste titre.

Et le nombre de tels ouvriers et paysans augmente de jour en jour.

Nous disons que nous sommes communistes afin de nous délimiter dans notre travail chez les paysans des démocrates bourgeois et petits-bourgeois comme le THKO, le THKP, le TIP, etc. C’est la meilleure notion pour nous délimiter de manière forte par rapport à eux, et sert à rassembler les paysans pauvres révolutionnaires décidés dans nos rangs.

J’ai dit que la dénomination de " TIIKP " nous rapproche aujourd’hui des éléments retardés et nous éloigne des éléments avancés. On peut dire : pourquoi devrions-nous nous couper des éléments avancés ? Nous ne dissimulons pas le fait que nous soyons communistes ; dans notre programme et dans nos statuts nous avons écrit que notre but final est le communisme.

Bon. Puisqu’il en est ainsi, pourquoi ne nommons-nous pas notre parti communiste ? Si cela ne nous nous coupe pas des masses de dire dans notre programme et dans nos statuts que nous sommes communistes, pourquoi alors le nom de notre parti devrait-il le faire !?

Ou alors nous serions obligé pour être conséquent de rayer également de notre programme et de nos statuts tout ce qui a à voir avec le communisme, d’avoir à abandonner dans nos publications du parti accessibles aux masses ce mot et tout ce qui rappelle cela, y compris la référence à Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao-Tsé-Toung et ainsi à la propagande communiste. Nous serions jusqu’au coup dans la compromission et nous nous éloignerions de la révolution prolétarienne. Ou alors nous devons dès le départ refuser de nous soumettre à la méconnaissance, aux préjugés réactionnaires etc., nous attacher sans concession à ce qui est révolutionnaire prolétaire et ainsi nous unir avec les éléments avancés, et pousser en avant les éléments arriérés.

La deuxième " preuve " des amis qui font leur cette désignation est la suivante :

le nom " TIIKP " aide à ce que les masses, qui connaissent le journal ISCI-KÖYLÜ, fassent la liaison entre ce journal et le parti, et cela amène ces masses influencées par le journal à se rassembler avec le parti.

Selon moi cette opinion est fausse.

Tout d’abord parce que la police politique fait la liaison. Elle considère comme un responsable de l’activité illégale du parti dans la nouvelle phase celui qui travaille de telle ou telle manière dans le cadre de l’activité légal de la presse, qui s’abonne, qui fait des dons, etc. Dans une telle situation le plus juste à faire, et qui doit être fait, est de dissimuler à la police politique la liaison entre les activités légales et illégales, avec la plus grande attention et de manière approfondie.

L’explication est fausse, car les meilleurs éléments dans les rangs du mouvement ouvrier et paysan sont de toute façon dans les rangs de notre mouvement et se rassemblent également de manière constante. Nous rassemblons tous les bons éléments dans nos rangs non pas seulement par un nom qui se rapproche, mais une activité organisationnelle solide, examinée à fond et énergique au niveau des contenus. Une telle activité rassemblera autour de nous non seulement les bons éléments des rangs du " mouvement ouvrier et paysan ", mais aussi ceux qui se sont mis à leur côté, tous les éléments progressistes et révolutionnaires du peuple.

Cela est de plus faux parce que notre mouvement n’est seulement différent du " mouvement ouvrier et paysan " d’aujourd’hui quantitativement, mais aussi qualitativement.

Le " mouvement ouvrier et paysan " doit être un mouvement légal, notre activité principalement illégal. Le travail dans le cadre des activités ouvrières et paysannes n’était qu’une activité du journal pour l’agitation et la propagande. Et l’organisation allait également avec cette tâche. Notre mouvement doit aujourd’hui être une activité du parti, dirigée sur l’organisation active de la lutte armée. L’agitation et la propagande. doivent être mené selon cette situation.

Ceux qui sont actifs au sein du mouvement ouvrier et paysan sont pour la majeure partie ceux qui continuent leur relations bourgeoises (dit généralement : leurs relations réactionnaires).

Notre mouvement doit rassembler dans ses rangs tous ceux qui ont totalement rompu avec ces relations, c’est-à-dire les ouvriers, les paysans et les autres révolutionnaires. Ceux qui se sont soumis aux relations bourgeoises sont tombés.

Ainsi, un saut qualitatif est nécessaire dans chaque liaison. Ce saut doit également se retrouver dans le nom de notre mouvement. La défense du nom " TIIKP " est un effort pour la " sauvegarde du vieux ". C’est l’attitude de défense vis-à-vis du saut. A cause de tous les points développés ici je ne trouve juste pas le désignation de " TIIKP ".

Le nom de " TIIP " [parti ouvrier révolutionnaire de Turquie] serait scientifiquement juste, mais il y a des inconvénients pratiques.

Le premier inconvénient : la possibilité d’être confondue avec le TIP révisionniste. Comme cela est connu, le TIP est une organisation bourgeoise réformiste, éloignée du marxisme-léninisme à tous les niveaux. Le marxisme-léninisme, dans les points fondamentaux de la question de l’Etat, de la révolution, de l’internationalisme etc., a été trahi par la clique du TIP. Il est nécessaire de tracer une ligne claire de démarcation entre lui et nous.

Afin de tracer cette ligne, le terme de " ihtilalci " [révolutionnaire au sens de " bouleversant "] est insuffisant. De plus nous devons remarquer l’interprétation particulière que le peuple a fait du terme de " ihtilalci " dans notre pays. Le terme de " ihtilalci " est compris en général comme un " putsch d’officiers bourgeois ".

Les officiers putschistes se nommaient eux-mêmes " ihtilalci ", le peuple est habitué à les considérer ainsi. On dit par exemple : " 27 Mayis ihtilalci " [le " bouleversement du 27 mai]. Les participants de ce mouvement sont nommés les " ihtilalci subaylar " [officiers révolutionnaires]. Ismet Inönü est par exemple un vieux " ihtilalci subaylar ".

Les révoltes populaires sont distinguées de ce type de putschisme par le terme de " isyan " [révolte]. Le Seyh Bedrettin isyani [la révolte du scheikh Bedrettin], le Pir Sultan isyani, le Baba Ishak Isyani, le köylü isyanlaro, le Dersim isyani, l’askerein isyani [la révolte du Sultan Pir, la révolte du Baba Ishak, les révoltes paysannes, la révolte de Dersim, la révolte des soldats], etc. Nous devons tracer une ligne de démarcation claire et forte entre le putschisme bourgeois et la " lutte active " des masses.

Une autre preuve : même si le nom de " TIIP " est scientifiquement juste et comprend notre but final, le communisme, il n’exprime pourtant pas celui-ci de manière ouverte.

Même si nous dépassons ce manque, dans la mesure où nous rajoutons la désignation " M-L ", le danger reste que nous soyons confondu avec le TIP, qui est devenu un symbole du réformisme, de l’opposition à la révolution, au communisme, à la lutte armée, de l’opposition à Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao-Tsé-Toung (c’est-à-dire des guides mondiaux de la cause communiste). Et il reste l’objection qui repose dans la compréhension traditionnelle du terme de " ihtilal " dans le peuple.

Lénine a expliqué ainsi l’importance de tracer une ligne de démarcation claire entre nous et les opportunistes, les révisionnistes, les sociaux-chauvins et toutes les sortes de traîtres au socialisme :

" D’un autre côté l’argument le plus important pour la modification du nom du parti est le fait que les anciens partis socialistes officiels ne se sont pas libérés jusque là dans tous les pays avancés d’Europe du social-chauvinisme et du social-patriotisme, qui a amené à l’écroulement total du socialisme européen officiel dans la guerre, ce qui fait que jusqu’ici presque tous les partis socialistes officiels ont été un véritable frein, un véritable obstacle pour le mouvement ouvrier révolutionnaire socialiste. Et notre parti, qui jouit sans nul doute d’une grande sympathie dans les masses des travailleurs de tous les pays, notre parti a pour tâche de donner un communiqué le plus décidé possible, dur, clair, sans ambiguïté aucune, où est affirmé qu’il déchire toute lien avec ce vieux socialisme officiel, et pour cela la modification du nom sera un moyen qui est le mieux approprié pour atteindre cet objectif ".

Cette explication de Lénine éclaire le problème, pourquoi le nom de notre parti ne peut pas être " TIIKP " ou " TIIP " et, également, pourquoi il ne doit pas être " TKP ". Parce que dans notre monde d’aujourd’hui, d’autres partis et des bonzes, qui se nomment également communiste, ont trahi la cause du prolétariat. Les masses sont cette fois induites en erreur par ces partis et ces bonzes, déviées de leur voie, de leur direction, trompées.

Après cette explication il est clair que la désignation qui exprimer le plus durement, clairement et de manière juste le caractère et le but final de notre parti, qui contribue en pratique également à élever la conscience de la classe ouvrière et des autres travailleurs et qui nous distance de tous les types de traîtres au socialisme, sera la dénomination " TKP-ML ".

Avant tout, " TKP-ML " est scientifiquement juste, et est une expression claire et absolue de notre objectif final. Parce que :

" D’un autre côté nous devons, dans la mesure où nous commençons avec les transformations socialistes, nous donner un objectif clair, et étant donné que ces transformations sont menées en fin de compte, à savoir la formation d’une société communiste, qui ne se réduit pas aux expropriations des usines, des outils, du sol et des moyens de production, ni aux comptes précis et durs et au contrôle de la production et de la distribution des produits, mais va au-delà pour la réalisation du principe : ‘A chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins’. A cause de cela le nom de " parti communiste " est le seul scientifiquement juste ".

Notre parti reconnaît pour le passage d’un Etat au communisme la nécessité d’un Etat du type de la Commune de Paris, du type soviétique, etc. ; comme but final il a en même temps le but d’abolir tout type d’Etat. Les autres désignations expriment ce point de manière insuffisante.

Deuxièmement cette désignation nous distingue précisément de tous les types de trahison au socialisme, du social-chauvinisme, du révisionnisme, de l’opportunisme, de l’anarchisme, du réformisme, etc.

En ce qui concerne ce thème il n’y a plus d’objections fondamentales.

Les arguments essentiels sont donc les suivants :

1.Le terme de " communisme " n’est pas bien vu par les paysans.

Cette affirmation est l’expression de la soumission à la méconnaissance, aux préjugés réactionnaires, du fait qu’on abaisse le mouvement à un niveau plus bas. Le refus de ce nom avec cela comme fondement est, selon nous, à toutes égards le début d’un recul.

2.La deuxième " objection " : on nous confondrait avec le TKP révisionniste.

Un tel danger n’est pas moins grand dans les autres noms proposés.

A ceux qui disent : " on nous confondra avec les communistes anarchistes ", Lénine répond de la manière suivante :

" L’objection selon laquelle cela pourrait mener à nous confondre avec des anarchistes a tout de suite été rejeté par le Comité Central, parce que les anarchistes ne se définissent jamais comme communistes, ou seulement avec des rajouts précis. En ce qui concerne cette question, il y a toutes les sortes de socialisme, mais elles n’amènent jamais à une confusion entre les sociaux-démocrates et les réformistes sociaux, les socialistes nationaux et les partis similaires ".

Bon, pourquoi n’avons-nous pas peur d’être confondu avec le " TIP " ou le " TICSF ", ou similaires ? Reste le fait que le TKP est moins connu chez les ouvriers et les paysans que le TIP par exemple. La plupart de ceux qui connaissent le TKP sont des éléments avancés du peuple des ouvriers et des travailleurs, et ils sont à un niveau tel qu’ils peuvent faire la différence entre TKP et TKP-ML. Amener l’autre partie du peuple à ce niveau, telle est notre tâche.

Concluons avec les mots de Lénine :

" Et nous nous craignons nous-mêmes. Nous voulons garder la vieille chemise sale à laquelle on s’est " habitué ", à laquelle on s’est " attaché ". Il est temps de se séparer du linge sale, il est temps de s’habiller de linge propre ".

La question nationale en Turquie

1.les thèses des révisionnistes du SAFAK dans la question nationale

" La grande bourgeoisie, alliée aux maîtres féodaux, mène contre le peuple kurde une politique d’oppression nationale et d’assimilation " (projet de programme, paragraphe 10).

" Le peuple kurde, qui vit dans notre pays avec une population de 6 millions, a levé le drapeau de la lutte contre la forte oppression nationale et la politique d’assimilation qui est mené par les gouvernements de la bourgeoisie et des maîtres féodaux. Le peuple kurde se défend de manière héroïque contre la torture et la terreur les plus dures avec lesquels les dominants américanisés tentent d’intimider le peuple kurde. La lutte du peuple kurde pour les droits démocratiques, l’égalité des droits des nations et l’autodétermination se renforce vite. Tous les ouvriers et paysans de Turquie soutiennent cette lutte. La politique raciale des impérialistes, qui doit servir à amener les uns contre les autres les peuples de Turquie et à les opprimer, est au bord de s’écrouler et l’unité des peuples sur la voie de la révolution se renforce " (projet de programme, paragraphe 25).

" Notre mouvement annonce qu’il reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple kurde et qu’il lui reconnaît, s’il le veut, le droit à la formation d’un Etat autonome. Notre mouvement... travaille à ce que l’autodétermination du peuple kurde soit utilisée au profit des ouvriers et paysans kurdes. Notre mouvement mène une politique qui est dirigée à unifier les deux peuples frères de Turquie dans une république populaire démocratique avec les mêmes droits pour les deux.

Notre mouvement lutte contre les classes dominantes réactionnaires de toutes nationalités qui mènent une politique ennemie contre l’unité et la fraternité révolutionnaire des peuples kurde et turc, et lutte contre leur politique de division. (projet de programme, paragraphe 52).

" Le mouvement marxiste-léniniste est le représentant le plus décidé du droit à l’autodétermination du peuple kurde et luttera en même temps pour que le droit à l’autodétermination du peuple kurde soit dirigé au profit des ouvriers et paysans kurdes. Le mouvement marxiste-léniniste mènera en même temps une politique dirigée à ce que les deux peuples frères de Turquie soient unis dans une république populaire démocratique avec les mêmes droits pour les deux " (La situation politique en Turquie et le monde après le 12 mars, p.74).

" Le droit à l’autodétermination du peuple kurde sera défendu sans concession " (ibidem p.72).

" Le droit à l’autodétermination (plus tard la libération) du peuple kurde ne peut pas être séparé de la lutte pour une révolution agraire qui s’appuie sur les paysans pauvres, et de la lutte contre l’impérialisme " (ibidem p.73).

" La politique d’inimitié nationale et la politique d’assimilation menées contre le peuple kurde... " A propos de la question de la formation d’un pouvoir politique rouge).

" La lutte d’oppression nationale exercée contre le peuple kurde... " (ibidem).

" Nous devons fermement continuer à défendre le droit à l’autodétermination du peuple kurde " (ibidem).

Ce sont à peu près les thèses des révisionnistes du SAFAK quant à la question nationale dans l’époque nouvelle, c’est-à-dire depuis l’état d’urgence du 26 avril 1971. A propos de la question nationale nous ne voulons pas nous occuper de la ligne avant l’état d’urgence, parce que chaque personne qui était en relation avec le mouvement à ce moment-là sait qu’était diffusé un nationalisme turc massif, un nationalisme de type agressif d’une nation agressive hérité de Mihri Belli. Mais désormais de nouveaux types de nationalisme sont développés, qui ont été pensé de manière encore plus incisifs et portant à confusion. Nous devons mener aujourd’hui la lutte contre eux et les détruire.

Nous nous occupons des thèses mentionnées en eux :

2.Contre qui est exercée l’oppression nationale ?

D’après les révisionnistes du SAFAK l’oppression nationale est menée contre le peuple kurde. Cela montre que la compréhension de ce qu’est l’oppression nationale n’a pas été saisie. L’oppression nationale est exercée par les classes dominantes des nations dominantes et exploiteuses à l’encontre des nations opprimées dépendantes. Et l’oppression nationale en Turquie est l’oppression non pas seulement du peuple kurde, mais de l’ensemble de la nation kurde, et pas seulement de la nation kurde, mais de toutes les minorités nationales par les classes dominantes de la nation turque dominante.

" Peuple " et " nation " ne sont pas une seule et même notion ! La notion de " peuple " contient aujourd’hui en général la classe ouvrière, les paysans pauvres et moyens, le semi-prolétariat et la petite-bourgeoisie citadine. Dans les pays arriérés l’aile révolutionnaire de la bourgeoisie nationale, qui est au côté de la révolution populaire démocratique contre l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme compradore, est également à compter dans les classes du peuple. Mais la notion de " nation " contient toutes les classes et couches sociales, y compris les classes dominantes.

" Une nation est une communauté stable d’êtres humains formée historiquement, formée sur le terrain de la communauté de la langue, du territoire, de la vie économique et du caractère psychique se révélant dans la communauté de culture ".

La notion de " nation " comprend toutes les classes et couches sociales d’une communauté de gens qui parlent ensemble la même langue, vivent sur le même territoire, participent à une même vie économique et montrent un même caractère psychique. Ainsi comme il y a des classes et couches sociales qui ont des avantages à la révolution et sont du côté de la révolution, il y a des classes et couches sociales qui sont les ennemis de la révolution, et d’autres qui balancent entre révolution et contre-révolution.

Le peuple n’est pas une communauté formée à une époque historique déterminée et ayant disparue plus tard, mais une communauté existante à chaque époque historique. Mais la nation s’est développée avec le capitalisme à l’époque du capitalisme grandissant et disparaîtra avec un stade élevé de développement du socialisme.

La constitution du peuple se modifie à chaque phase de la révolution. Le contenu de la notion de " nation " ne dépend [lui] pas des étapes de la révolution.

La notion de " peuple kurde " comprend aujourd’hui les ouvriers kurdes, les paysans kurdes pauvres et moyens, le semi-prolétariat citadin kurde, la petite-bourgeoisie citadine kurde, et l’aile révolutionnaire de la bourgeoisie national kurde, qui participera à la révolution populaire et démocratique. La notion de " nation kurde " au contraire comprend également, en dehors de ces classes et couches sociales, les autres parties de la bourgeoisie kurde et les grands propriétaires terriens kurdes. Certains " messsieurs-je-sais-tout " affirmant que l’on ne peut pas compter les grands propriétaires terriens comme étant de la nation kurde. Ils veulent même faire croire que l’on ne peut même pas du tout parler d’une nation kurde, parce que ces grands propriétaires terriens existent sur le territoire kurde. C’est un exemple terrible de démagogie et de sophisme.

Est-ce que les grands propriétaires terriens ne parlent pas la même langue ? Ne vivent-ils pas sur le même territoire ? Ne se retrouvent-ils pas dans une communauté de vie économique et de caractère psychologique ?

Et de plus les nations ne se développement pas au stade final du développement d’un capitalisme, mais dans la phase de formation du capitalisme. Lorsque le capitalisme apparaît dans un territoire dans une certaine proportion et unifie là-bas le marché dans une certaine proportion, les sociétés qui possèdent les autres présuppositions pour devenir une nation formeront une nation. Si cela n’était pas ainsi nous ne pourrions pas qualifier de nation les communautés stables existantes dans tous les pays arriérés où le capitalisme s’est développé de manière restreinte. Il y avait en Chine jusqu’aux années 40 de notre siècle encore un éparpillement féodal fort. Si nous partions de ce point de vue nous ne pourrions pas reconnaître les nations existant auparavant comme nation. Jusqu’à la révolution de 1917 il y avait encore dans les lointains territoires paysans de Russie un féodalisme fort, c’est pourquoi nous ne devrions pas encore accepter l’existence de nations en Russie. Pendant la guerre de libération, par exemple en Turquie, régnait un féodalisme encore plus fort qu’aujourd’hui ; pour cette raison nous devrions considérer qu’il n’y avait alors en Turquie pas de nations. Aujourd’hui dans le monde le féodalisme domine toujours dans une certaine proportion dans les pays reculés et arriérés, en Asie, en Afrique, en Amérique latine. De ce point de vue on devrait refuser l’existence de nations dans ces pays. Il est désormais clair qu’une thèse affirmant que " les Kurdes ne forment pas une nation " n’est en tout et pour tout qu’un discours creux. C’est éloigné de la réalité et dommageable pour la pratique. Parce qu’une telle thèse n’aide que les classes oppresseuses et exploiteuses de la nation dominante. Elles trouvent ainsi un justificatif pour leur oppression nationale, leur discrimination et leurs actes de violence vis-à-vis des nations opprimées et dépendantes comme pour l’injustice exercée au profit de leurs propres privilèges et avantages. Alors la lutte du prolétariat pour l’égalité des droits des nations, l’abolition de l’oppression nationale, les privilèges, etc., n’aurait aucun succès.

Le droit à l’autodétermination des peuples resterait une coquille vide. La colonisation des nations arriérées, l’interventionnisme dans les affaires intérieures d’autres nations et la non-reconnaissance du droit à l’autodétermination par les impérialismes, tout cela serait légitimé avec comme prétexte : " ils ne forment pas de nation ".

Exactement de la même manière sont légitimés tous les actes de violence et l’oppression de la nation dominante à l’égard des nations opprimés dans les Etats comprenant plusieurs nations. Ceux qui prétendent que lorsqu’il y a encore de grands propriétaires terriens il n’est pas possible de parler de nation apportent de l’eau au moulin des impérialistes et des nations dominantes. Ceux qui affirment que les Kurdes en Turquie ne représentent pas une nation apportent de l’eau au moulin des classes dominantes turques. Il est connu que les classes dominantes turques affirment que les Kurdes ne forment pas de nation. Par la défense des privilèges des classes dominantes ces gens sabotent la solidarité, l’unité et la confiance des masses populaires des différentes nations.

Une société qui vit dans les conditions d’un féodalisme pas encore dissous ne peut naturellement pas encore être considérée comme une nation. Mais où existe-t-il dans le monde un tel féodalisme ? Le capitalisme a déjà pénétré à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle dans la vie de l’Europe de l’Est, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine opprimées, et en est arrivé là-bas par l’unification du marché national dans une dimension particulière à une communauté de vie économique, et a par là contribué à la formation des nations. Aujourd’hui encore il existe dans des territoires très renfermés des communautés en tribus, qui ne forment pas encore de nation. Mais c’est une petite minorité d’un tel type qu’il n’est pas nécessaire de perdre beaucoup de mots quant à ce sujet.

Résumons : que les Kurdes forment une nation en Turquie est une réalité qui est clair pour chaque personne qui n’est pas derrière le nationalisme turc agressif, sans qu’il soit nécessaire de continuer à discuter de cela. Les ouvriers, paysans pauvres et moyens kurdes, le semi-prolétariat et le petite-bourgeoisie citadine kurdes, l’ensemble de la bourgeoisie kurde et les grands propriétaires terriens forment la nation kurde. C’est non seulement le peuple kurde mais aussi, à part une poignée de grands maîtres féodaux et quelques bourgeois qui ont fusionné avec les classes dominantes turques, l’ensemble de la nation kurde qui subit l’oppression nationale. Les ouvriers et paysans kurdes, la petite-bourgeoisie citadine et les petits propriétaires terriens souffrent de l’oppression nationale.

L’objectif principal de l’oppression nationale est même la bourgeoisie des nations opprimées et dépendantes. Parce que les capitalistes et grands propriétaires terriens des nations dominantes veulent devenir sans concurrence les maîtres de toutes les richesses du pays et de son marché. Ils ne veulent pas remettre le privilège de pouvoir former un Etat. Dans la mesure où ils interdisent toutes les langues, ils veulent mettre en place l’unité de la langue nécessaire pour le marché. La bourgeoisie et les grands propriétaires terriens de la nation opprimée se posent comme obstacle important par rapport à ces buts. Parce qu’eux aussi aspirent à devenir les maîtres du marché et à contrôler celui-ci, à exploiter eux-mêmes les richesses en ressources naturelles et la force de travail du peuple.

Ce sont les facteurs économiques les plus importants qui amènent face à face la bourgeoisie et les grands propriétaires terriens des deux nations, et c’est pour cela qu’existent les dures mesures d’oppression des classes dominantes de la nation dominante contre la nation opprimée. Ainsi s’explique le fait que la bourgeoisie et les maîtres féodaux de la nation opprimée soient touchées par l’oppression nationale.

A propos du kémalisme

Résumons :

1.La révolution kémaliste est une révolution de la couche supérieure de la bourgeoisie commerçante, des propriétaires terriens, des usuriers turcs et un nombre plus faible de la bourgeoisie industrielle existante. C’est-à-dire que les chefs de la révolution sont les classes de la grande bourgeoisie compradore turque et les propriétaires terriens. La bourgeoisie moyenne avec un caractère national n’a pas participé à la révolution en tant que force guide.

2.Les chefs de la révolution ont commencé dans les années de la guerre anti-impérialiste avec à travailler en sous mains avec l’impérialisme de l’Entente. Les impérialistes ont montré une attitude bienveillante vis-à-vis des kémalistes et commencèrent à être d’accord avec un gouvernement kémaliste.

3.Après que les kémalistes aient signé la paix avec les impérialistes, ils poursuivirent leur travail en commun de manière plus étroite.

4.Le mouvement kémaliste s’est dirigé " à la base contre les paysans et les ouvriers, en fait contre les possibilités d’une révolution agraire ".

5.Comme résultat du mouvement kémaliste la structure coloniale, semi-coloniale et semi-féodale de la Turquie se modifia en structure semi-coloniale semi-féodale, c’est-à-dire que la structure économique semi-coloniale et semi-féodale resta.

6.Au niveau social, à la place de la vieille bourgeoisie compradore qui appartenait aux minorités nationales, et de la couche supérieure de la vieille bureaucratie, domine la nouvelle bourgeoisie turque, qui vient de la bourgeoisie moyenne à caractère national et qui est entré en coopération avec l’impérialisme, et la nouvelle bureaucratie.

Une partie des vieux propriétaires terriens, usuriers et négociants spéculateurs poursuivit sa domination, à la place de l’autre partie arrivèrent des nouveaux les remplaçant.

7.Au niveau politique, à la place du gouvernement constitutionnel lié aux intérêts de la monarchie se retrouve le gouvernement qui porte au mieux les intérêts des nouvelles classes dominantes : la république bourgeoise. Ce gouvernement était en apparence indépendant, en réalité politiquement semi-dépendant de l’impérialisme.

8.La dictature kémaliste était démocratique en apparence, en réalité une dictature militaire fasciste.

9.La Turquie kémaliste " ne pouvait plus s’empêcher " " de se jeter dans les bras des impérialistes allemands et français, de se transformer toujours plus une semi-colonie, en un élément membre du monde impérialiste réactionnaire ".

10.Dans les années qui suivirent la guerre de libération, l’ennemi principal de la révolution était la domination kémaliste. Dans cette phase ce n’était pas la tâche du mouvement communiste que de s’allier avec les kémalistes contre la vieille classe de la bourgeoisie compradore et des propriétaires terriens, qui avait perdu sa position dominante (une telle alliance n’a de toute façon jamais été vraiment réalisé). La tâche était en fait de renverser la domination kémaliste, qui représentait l’autre clique de la bourgeoisie compradore et des propriétaires terriens, et de former la dictature démocratique du peuple sous la direction de la classe ouvrière et appuyée sur l’alliance principale des ouvriers et des paysans.


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